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La force de l’amour

publié le 28 novembre 2017 (modifié le 21 décembre 2017)

La force de l’amour

Le droïde interrogateur fit tourner lentement son scalpel dans la plaie qui lacérait le pectoral droit du prisonnier, lui arrachant un nouveau cri de douleur, qui se termina en un long râle. Pendu par les poignets à une chaîne métallique accrochée au plafond, entièrement nu, couvert de plaies et de brûlures, le jeune humain n’était plus que douleur et désespoir. Son calvaire durait depuis deux jours déjà. Deux jours à endurer les pires supplices que pouvait infliger un droïde interrogateur savamment programmé. Deux jours à se demander comment mourir avant de parler. Mais ses tortionnaires mettaient tout en œuvre pour le garder vivant. Le droïde lui injectait régulièrement des produits chimiques, pour maintenir son organisme en vie, et affaiblir sa volonté. Son esprit était complètement ramolli, et ses perceptions brouillées, à l’exception de sa sensibilité à la douleur, artificiellement exacerbée par une substance mise au point par les scientifiques retords de l’Empire.
— Il va bientôt craquer…

Dans une pièce exiguë attenante à la cellule, un homme d’une quarantaine d’années et une jeune femme rousse regardaient la scène à travers une vitre en transparacier. C’était la femme qui avait formulé cette affirmation. Le timbre de sa voix ne trahissait aucune émotion. Etait-elle soulagée, impatiente, ou écœurée ? Son interlocuteur, un homme pourtant expérimenté, et qui avait l’orgueil de se croire fin psychologue, n’aurait su le dire.
— Posez-lui de nouveau la question.

Cette fois, ce n’était plus une affirmation, mais un ordre. L’homme en uniforme noir se pencha vers le micro, appuya sur le bouton d’activation, et répéta, pour la centième fois au cours de ces deux interminables journées :
— Qui étaient les pilotes de l’escadron secret ?

La question, amplifiée par le haut-parleur, retentit de manière assourdissante dans la cellule. Pourtant, le prisonnier ne broncha pas. Les yeux clos, la tête baissée sur sa poitrine, on aurait pu croire qu’il dormait, ou qu’il s’était évanoui. Mara Jade savait qu’il n’en était rien. Les paramètres vitaux du supplicié, relayés par le droïde, confirmaient ce que son instinct lui apprenait naturellement : l’homme était parfaitement conscient.

Ce n’était pas la première séance de torture qu’elle menait, loin de là. Elle avait même été formée à cela, par des membres du BSI qui avaient fait des interrogatoires leur spécialité. Mais au plus profond de son être, elle détestait ce procédé. Elle ne le montrait jamais, bien sûr. Au contraire, elle s’arrangeait pour superviser elle-même la plupart des interrogatoires importants. Une erreur pouvait causer la mort du prisonnier, ce qui était synonyme d’échec. Et l’Empereur détestait les échecs.

D’une voix plus douce, l’officier du BSI qui la secondait réitéra la promesse déjà maintes fois répétée :
— Si tu nous donnes les noms et la planète d’origine de ceux que tu connais, nous te tuerons rapidement…

L’officier ne prenait même plus la peine de faire croire au prisonnier qu’il pourrait être libéré, s’il coopérait. Il ne sortirait pas vivant de cette épreuve. Tous trois le savaient. La dernière chose que les Impériaux pouvait « offrir » au malheureux, c’était la fin de ses souffrances.

Après une dizaine de secondes d’attente, la jeune femme ordonna au droïde de se remettre en mouvement. La sphère noire lévita tout autour du supplicié, comme si elle cherchait la prochaine partie de son corps à tourmenter. Au bout d’un bras télescopique, une petite perceuse commença à tourner, en produisant un bruit aigu. La foreuse se rapprocha de l’oreille de l’homme, avec une lenteur calculée...
— Noooonnnnnn !

Le malheureux cria, puis se mit à sangloter, la tête toujours tournée vers le sol. Mara Jade suspendit la course de l’outil, mais laissa la mèche tourner à quelques centimètres de la tête de l’homme. L’officier reprit :
— Dépêche-toi ! Ma patience a des limites ! Qui étaient les autres membres de l’escadron formé par Leia Organa ?

Dans un râle, le jeune pilote commença à prononcer des mots inaudibles.
— Plus fort ! rugit l’officier impérial.

Alors l’homme commença à énumérer des noms, d’une voix faible et entrecoupée de sanglots :
— Rus Kas Kin... Antilles... Gram Cortress...
— Demandez-lui d’où ils viennent, ordonna Mara Jade.
— D’où vient Gram Cortress ? relaya l’officier, d’une voix plus apaisée.
— Je ne suis pas sûr… C’est un humain… D’Alderaan, je crois.
— Et Rus Kas Kin ?
— C’est un Trandoshien. Il venait de Durkteel.

L’homme égraina encore quelques noms. Certains de ses anciens compagnons étaient tombés au combat. D’autres étaient encore actifs dans la Rébellion, pour ce qu’il pouvait en savoir. Mara Jade enregistrait tout. Un nom retint son attention :
— Prithi ? Qui est Prithi ?

Le prisonnier hésitait à répondre. Elle tenait peut-être enfin quelque chose. Il fallait accentuer la pression. Elle réactiva le droïde. Le hurlement du prisonnier occupa tout l’espace de la cabine d’interrogatoire pendant un moment qui lui parut interminable. Elle ne baissa pas le volume pour autant : elle ne voulait rien perdre de ce qui allait être dit.

— Prithi... était une jeune femme brune, qui venait de Chalacta, murmura avec difficulté le prisonnier. Arrêtez, maintenant. Je vous ai tout dit. Je vous le jure !

Mais Mara Jade voulait être sûre d’obtenir toutes les informations possibles. Elle exigea encore des noms, et des précisions. Enfin, une heure plus tard, elle ordonna enfin à l’officier :
— Il n’y a plus rien à en tirer. Éliminez-le.

Puis elle quitta la pièce sans un regard en arrière. Sa mission commençait vraiment.

*

En route pour Chalacta, à bord de la navette rapide mise à sa disposition pour l’Empereur, Mara se demandait pourquoi son maître lui avait confié cette mission, à elle. Dans les hautes sphères de l’Empire, tout le monde savait que la traque de Luke Skywalker était devenue l’obsession de Dark Vador. Le réseau d’informateurs du Seigneur Sith travaillait activement pour retrouver la moindre trace du jeune prodige qui avait détruit l’Etoile Noire.

La capture par l’Empire d’un pilote rebelle, ancien membre de l’escadron auquel appartenait Skywalker, aurait pu être exploitée par Vador afin de retrouver la trace de sa proie. Mais l’Empereur en avait décidé autrement. Au lieu de jeter en pâture le prisonnier à son apprenti, il avait choisi de le soustraire à sa convoitise, et de confier la recherche de Skywalker à la rivale de Vador, Mara Jade. C’était une humiliation de plus pour le Seigneur Sith. Un nouveau signe de sa disgrâce auprès de son Maître. Et une raison supplémentaire pour Vador de détester la jeune femme, que l’on appelait maintenant « la Main de L’Empereur », tant la confiance de Palpatine semblait s’être reportée sur elle.

Avoir un ennemi comme Vador ne plaisait évidemment pas à la jeune femme. Elle avait beau bénéficier de la protection de l’Empereur, elle devait rester continuellement sur ses gardes. C’est pourquoi elle avait refusé l’aide du pilote mis à sa disposition pour cette mission. Elle préférait agir seule. Au moins pouvait-elle dormir sur ses deux oreilles pendant les trois jours que duraient le voyage vers la planète Chalacta. Et ressasser sans relâche les tenants et les aboutissants de cette mission. Elle n’était que la « Main » de l’Empereur. La tête était toujours sur Coruscant.

Cette Prithi, sur les traces de laquelle elle s’était lancée, était sûrement plus qu’une camarade pour Luke Skywalker. C’était une des rares femmes de l’escadron Rogue, jeune qui plus est, tout comme Skywalker. Son instinct lui disait qu’elle tenait peut-être un maillon de la chaîne qui pourrait la mener jusqu’au jeune pilote...

* *

L’arrivée sur Chalacta se passa sans encombre. La petite planète de la Bordure Médiane était sous contrôle impérial, et nombre de ses habitants avaient été déportés, sur Kessel ou ailleurs, en raison de leur affinité naturelle avec la Force. Les purges étant terminées, il ne subsistait qu’une maigre garnison, qui surveillait mollement une population décimée.

Sous la couverture d’une de ses nombreuses identités factices, Mara Jade put franchir la douane sans éveiller la suspicion des fonctionnaires locaux. Officiellement sur la planète pour le compte du Département des Monuments Historiques de l’Empire, elle se dirigea en premier lieu vers le Temple de l’Illumination, le seul bâtiment local pouvant justifier sa visite sur Chalacta.

Symbole du mysticisme religieux de la planète, le Temple était jadis la demeure de nombreux sages. Ce n’était à présent qu’une colossale structure de pierres à l’abandon, la « secte » des Adeptes de Chalacta ayant été dissoute quelques années auparavant. Outre leur affinité avec la Force, les sages avaient payé leur opposition à la Résolution de Militarisation de la République, défendue par Palpatine au Sénat. Une fois au pouvoir, le Chancelier Suprême avait éliminé jusqu’au dernier les sages qui avaient osé s’opposer à lui.

Bien que désert, le Temple était toujours imprégné du côté lumineux de la Force. Mara Jade le ressentait. Contrairement à Vador ou aux Inquisiteurs, elle n’en éprouvait aucune gêne. Elle pouvait utiliser à son avantage indifféremment des deux courants de la Force.

En déambulant dans les corridors poussiéreux, la jeune femme ressentit une présence. Une autre personne se tenait dans une salle à côté d’elle. Prudemment, elle observa par l’entrebâillement d’une porte laissée entrouverte. Une forme encapuchonnée se tenait accroupie en contrebas d’un autel éclairé par un puits de lumière qui descendait du plafond percé. L’adepte était en pleine méditation. Si les Chalactiens étaient autant en phase avec la Force qu’elle l’avait lu, l’autre avait dû déceler sa présence également. Elle ne chercha donc pas à se dissimuler, et pénétra dans la pièce pour aller à la rencontre du mystique.

Il s’agissait d’un homme, qui tourna son visage vers elle quand elle parvint à deux mètres de lui. Il l’observa en silence, plongeant ses yeux presque noirs dans les siens. Sa peau était mate, comme tous les natifs de la planète, et sa barbe clairsemée mais blanchie indiquait un âge déjà avancé. Elle sentit qu’il tentait de la sonder mentalement, et elle ferma son esprit. Elle n’essaya pas de contre-attaquer par le même moyen. Elle ne connaissait pas sa puissance, et, de plus, le dossier secret qu’elle avait lu sur les Chalactiens indiquait que les Adeptes avaient acquis une telle maîtrise d’eux même que les mieux entraînés parvenaient à résister à toute forme d’intrusion, et même de torture physique.

Le plan qu’elle avait échafaudé était basé sur la ruse, et non la Force. Elle sortit de sa combinaison un écrin noir, qu’elle garda fermé, puis s’adressa respectueusement à l’homme qui s’était relevé pour la toiser :
— Je cherche une dénommée Prithi pour lui remettre ceci. Un de ses anciens amis, un pilote qui faisait partie du même escadron qu’elle, est décédé. Avant de succomber, il m’a fait promettre de venir lui remettre cet anneau sur Chalacta. Je crois qu’il était secrètement amoureux de la jeune femme. Il m’a dit qu’elle venait parfois au Temple.

Quelles étaient les chances pour que ce premier essai soit le bon, et que l’homme connaisse effectivement la jeune femme ? Presque nulles selon des probabilités purement mathématiques. Mais pas si faibles que ça, si l’on considérait que Prithi était revenue sur sa planète pour devenir elle-même une Adepte de Chalacta. Or, il ne restait plus beaucoup d’Adeptes en vie...

L’homme n’hésita pas longtemps. Il jugea sans doute l’étrangère sincère, ou inoffensive. C’était là un des avantages de Mara Jade sur un personnage comme Dark Vador. Il inspirait la peur là où elle incitait à la confiance. Il se faisait remarquer là où elle passait inaperçue. Il ne fonctionnait que par la force là où elle utilisait la ruse. Ruse qui, une fois de plus, s’avéra payante.

L’homme lui confia :
— La Prithi que vous cherchez s’est retirée du monde. Elle médite seule, dans les cavernes de Bricta. C’est à deux heures de marche vers l’est.

* * *

La soute de la navette de Mara Jade contenait un air-speeder, mais la jeune femme préféra faire le trajet à pied. Elle voulait étudier les lieux, et avoir le temps de préparer sa rencontre avec l’ancienne pilote de la Rébellion.

Elle y était peu sensible, mais le paysage était magnifique. Le chemin remontait le cours d’une rivière, qui s’écoulait au fond d’une gorge encaissée. Dans les parois de roche abrupte qui dominaient le cours d’eau, on apercevait parfois l’entrée d’une grotte. Des escaliers taillés dans la pierre menaient à certaines de ces ouvertures, signe que ces cavernes avaient jadis été utilisées par les locaux. Mara ignorait s’il s’agissait d’anciens habitats troglodytes, de sépultures, ou de temples, mais les lieux semblaient abandonnés depuis longtemps.

Après une heure de marche, la pente devint plus raide, et de petites cascades venaient parfois interrompre le cours jusque-là tranquille de la rivière. Un peu plus loin, la marcheuse parvint à un petit plateau herbeux où s’était niché un étang. De cet espace dégagé, elle put observer le fond de la vallée, qui finissait en cul-de-sac au pied d’une haute falaise. Une grotte plus grande que les autres, à l’entrée en forme de demi-cercle, était nichée dans la paroi à une trentaine de mètres du sol, dans l’axe de la vallée. Cette découverte déplut à Mara. Elle était à découvert, et n’importe qui pouvait l’observer depuis là-haut.

Ne détectant pas de mouvement, elle reprit sa marche et parvint bientôt au pied de la falaise. L’accès à la caverne était clairement visible, mais nécessitait une escalade de trente mètres sans aucun assurage. L’usure du rocher indiquait que le passage avait été fréquemment parcouru, mais Mara hésita à s’engager. Elle ne redoutait pas la difficulté du passage, mais sa vulnérabilité lors de l’ascension. Finalement, elle se résolut à grimper, en s’efforçant de ne pas faire de bruit, et trouva l’escalade beaucoup plus facile que ce à quoi elle s’attendait. Elle parvint à l’entrée de la grotte aussi vite que si elle avait gravi une échelle, et se rétablit en silence sur le sol de la caverne, aux aguets.

La cavité était profonde d’une vingtaine de mètres, et allait en s’étrécissant. Une faible lueur brillait tout au fond, et une silhouette accroupie se découpait en ombre chinoise devant la lumière blafarde.

* * * *

Mara Jade hésita un instant entre annoncer sa présence, ou tenter de prendre l’ermite par surprise. Mais elle n’eut pas le temps de choisir. La forme accroupie s’était relevée, et marchait tranquillement à sa rencontre. Quand l’autre fut assez près de l’entrée pour que Mara puisse distinguer ses traits, elle sut qu’elle avait trouvé Prithi. En face d’elle se tenait une jeune femme au teint mat et aux cheveux noirs. Des motifs colorés étaient dessinés sur son visage. Elle avait dû être très belle, mais des mois d’ascétisme, et même de privations, l’avaient rendue squelettique. La robe de bure élimée qu’elle portait accentuait l’impression de dénuement et de renoncement au monde physique que tout son être dégageait.
— Qui êtes-vous, et que faites-vous là ? demanda la jeune ermite.
— Je suis envoyée par l’Alliance Rebelle, mentit Mara. Luke Skywalker est grièvement blessé, et il a demandé votre présence.
— Je sais que vous mentez, répliqua Prithi. Vous ne savez pas le moins du monde où est Luke, mais vous espérez que je pourrai vous menez à lui.

Tout en parlant, la jeune ermite commença à contourner l’intruse. Les deux femmes se mirent à tourner l’une autour de l’autre, à une distance de trois mètres, comme deux gladiateurs qui se jaugent avant un combat à mort.
— Ainsi les Adeptes de Chalacta ont le don de double-vue, pensa Mara à voix haute. Impressionnant... Je comprends mieux pourquoi l’Empereur a essayé de convertir les mentors de ton ordre.
— Sans succès, répondit Prithi. Nous savons aussi résister aux suggestions mentales et à la torture.
— Très bien. Si je ne peux te forcer à dire où Skywalker est caché, ou si tu l’ignores, alors je vais l’inciter à venir à toi.

Tout en parlant, Mara Jade avait sorti le blaster dissimulé sous ses vêtements, et l’avait réglé sur le mode paralysant. Elle s’était placée de manière à couper toute retraite à sa proie.
— Fais de beaux rêves, dit-elle, en tirant sur la jeune ermite.

Mais au même moment, une pierre vint l’atteindre juste derrière le coude qui tenait l’arme, et son tir manqua sa cible. Mara fit un roulé-boulé sur le sol, et releva face à son agresseur, qui se tenait debout à l’entrée de la caverne. Il s’agissait du vieil Adapte de Chalacta, qui l’avait renseignée au Temple, et l’avait visiblement suivie jusqu’ici. Sans hésiter, elle tira une décharge de blaster sur le vieil homme, qui s’effondra en arrière dans le vide. Puis elle se retourna vers Prithi, mais trop tard. La jeune femme avait commencé à courir en direction du seuil de la grotte, en criant :
— Jamais vous n’aurez Luke…

Mara eut le temps de tirer, mais le corps inerte de Prithi, emporté par son élan, retomba à son tour dans le vide.

Penchée sur le seuil de la grotte, Mara ne put que contempler les deux corps qui gisaient inertes, une trentaine de mètres en contrebas.

En parcourant le chemin du retour, Mara essayait d’analyser les causes son échec. Quel genre d’homme était ce Luke Skywalker, pour qu’une jeune femme, qui l’avait côtoyé quelques semaines à peine, préfère se donner la mort plutôt que de courir le risque de servir d’appât pour le capturer ? Quels sentiments inspirait-il à ses proches pour qu’ils lui soient à ce point fidèles ?

Un jour, je le tiendrai, jura-elle.

Pour l’heure, comme Vador et d’autres avant elle, elle avait échoué. L’Empereur ne serait pas content...

* * * * *

Vingt ans plus tard...

Mara Jade contemplait les étoiles depuis la passerelle de son vaisseau. Perdue dans ses pensées, elle n’avait pas entendu son mari arriver derrière elle, quand il lui demanda doucement :
— Mara, je sens qu’une ombre pèse sur ton cœur. Tu peux tout me dire, tu le sais ?
— Oui, Luke, je le sais... répondit-elle en baissant les yeux.